Ce colloque est consacré aux multiples articulations qui existent entre celles qu’on appelle traditionnellement « musique savante » et « musiques actuelles ». Loin de faire le consensus, ces dénominations posent plusieurs problèmes, la musique savante étant actuelle au même titre de la popular music, autre dénomination utilisée pour indiquer la musique de « tradition phonographique » (pop, rock, jazz, chanson…) dont la structure complexe relève souvent d’une utilisation « savante » du matériau musical. A partir d’une discussion sur les limites d’une telle taxonomie, le colloque s’attachera à la question des articulations entre ces deux univers dont l’opposition soulève des questions musicologiques intéressantes, en particulier dans l’étude des processus créatifs et analytiques. Quel rôle jouent ou peuvent jouer les différentes représentations des structures et processus musicaux ? Quelle place occupe la formalisation mathématique et la modélisation informatique dans les processus compositionnels ainsi que dans les démarches théoriques et analytiques ? Nous voulons aborder ces questions sans une séparation idéologique et souvent caricaturale des diverses pratiques musicales au sein de la musique savante ainsi que des musiques actuelles et en incluant une réflexion sur les processus humains des décisions musicales (interactions, représentations sociales). L’un des objectifs du colloque est également d’ouvrir une discussion sur la place de l’analyse computationnelle dans l’étude tant du répertoire savant que popular. Au-delà d’un rapprochement inévitable aux sciences exactes, la démarche computationnelle en analyse musicale ouvre également des questions susceptibles d’intéresser des chercheurs travaillant à l’interface de la philosophie, l’épistémologie et la sociologie de la musique. La modélisation ainsi que le recours à des outils formels en analyse musicale sont parfois très différents, selon que le répertoire visé soit celui de la musique savante ou bien celui de la popular music. C’est pourtant à partir de l’étude de la structure musicale et de ses transformations et évolutions tout au long de la pièce que l’on a accès à des informations essentielles dans un ensemble de contextes tels que le data mining, la composition assistée, la navigation intelligente, l’identification de signature, la retranscription automatique, la visualisation de contenus, l’analyse des corpus… L’un des enjeux du colloque est celui de présenter des modèles permettant de relier des approches hétérogènes en musicologie computationnelle, l’un relevant de l’analyse du signal audio et l’autre de l’analyse de structures symboliques. Ces deux approches peuvent – en effet – s’articuler mutuellement dans l’analyse des processus créatifs à l’œuvre dans le domaine de la musique savante et des musiques actuelles et contribuer ainsi à une meilleure compréhension des diverses pratiques musicales.