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Marc Rigaudière nous annonce la sortie de son ouvrage intitulé Les théories de l’harmonie et de la tonalité en France au XIXe siècle (Symétrie, Lyon, 2024), publié avec le soutien de la Société Française d’Analyse Musicale.

Félicitations pour ce nouvel ouvrage !

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Marc Rigaudière, Les théories de l’harmonie et de la tonalité en France au XIXe siècle, Lyon, Symétrie, 2024, 226 p. ISBN : 978-2-36485-275-4

Parmi les travaux d’histoire des théories musicales, la plupart se sont attachés par le passé à des aspects théoriques emblématiques du XIXe siècle français, comme l’importance du Traité d’harmonie de Charles-Simon Catel dans la mise en place de l’enseignement de l’harmonie au conservatoire de Paris, ou encore la conception de la tonalité développée par François-Joseph Fétis. D’autres, plus rares, ont tenté de faire émerger des figures théoriques moins connues comme celles de Camille Durutte ou Anatole Loquin. Cette étude se singularise par le choix de présenter un examen panoramique et synthétique des écrits théoriques de l’ensemble de la période du « grand dix-neuvième siècle ». Afin de mieux saisir les enjeux sous-jacents des discussions théoriques, elle incorpore dans le premier chapitre plusieurs éléments de contextualisation. La première section de ce chapitre est consacrée à la transmission des savoirs théoriques et aux différentes « écoles » qui résultent des filiations entre les théoriciens, rendues effectives par l’enseignement et par les ouvrages théoriques. Elle aborde ensuite la question des enjeux de pouvoir et de prestige, et examine notamment la reconnaissance officielle des ouvrages théoriques par le conservatoire et par l’Académie des Beaux-Arts. La seconde section se concentre sur le traité d’harmonie lui-même, vu comme genre théorique spécifique, avec ses codes, ses habitudes rhétoriques, soumis aux contraintes d’un marché fortement concurrentiel.

Une fois ce contexte mis en lumière, les idées théoriques elles-mêmes sont examinées, ainsi que la possibilité de les organiser en un « système d’harmonie », pour reprendre une expression née au XVIIIe siècle et encore utilisée au siècle suivant. Cette partie de l’étude, située dans les deux premières sections du chapitre 2, commence par la mise au point d’un cadre dans lequel les notions manipulées par les théoriciens sont ordonnées selon leurs relations logiques : d’une part, hiérarchisées selon leur importance dans le système (les principes puis leurs implications logiques : lois, règles), et d’autre part situées selon leur proximité. Par exemple, la notion globale de chromatisme n’est pas homogène : elle met en relation des notions distinctes dans les « systèmes », comme l’extension du système de hauteurs, l’altération des accords, ainsi que la présence des notes étrangères et des accords fictifs qui en découlent.

Ce cadre ayant été établi, les notions constitutives du système d’harmonie sont traitées de façon à faire apparaître la continuité qui caractérise les différents courants théoriques, mais aussi d’insister sur leurs points de divergence. L’étude progresse de la constitution des systèmes de hauteurs (chapitre 2, section 3) vers les questions les plus complexes dont l’étude est abordée traditionnellement vers la fin de la progression didactique : modulation, notes étrangères et accords fictifs, chromatisme et enharmonie (chapitre 6). Entre ces deux extrêmes se trouvent toutes les notions essentielles dès lors qu’il s’agit de fonder la théorie musicale sur une approche au moins en partie scientifique : intervalles et accords (chapitre 3), progressions harmoniques et cadences (chapitre 4), tonalité (chapitre 5). Tout au long de ce parcours détaillé, un fil conducteur est d’apprécier dans quelle mesure les théoriciens parviennent à intégrer l’évolution du langage de leur époque dans leur effort de théorisation. De même, certaines notions clés des théories harmoniques sont soumises à un examen critique, afin de déterminer dans quelle mesure elles permettent ou non un progrès dans la manière de conceptualiser le phénomène musical. Par exemple, on remarque que la notion de « gamme », utilisée par d’assez nombreux théoriciens comme base de leur conceptualisation de la tonalité, a eu tendance à freiner l’émergence de théories avancées de la tonalité. De même, la notion de « genre » (les genres diatonique, chromatique et enharmonique), présente chez plusieurs théoriciens, est vue comme un archaïsme qui s’est maintenu d’une façon étonnamment tenace au XIXe siècle.

Pour plus d’informations, voir : https://symetrie.com/fr/titres/les-theories-de-l-harmonie-et-de-la-tonalite-en-france-au-xixe-siecle

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